Mali, Centrafrique, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire, Algérie… la Françafrique est à l’agonie. L’illustration à Niamey, quelques valises bouclées à la hâte et nombre de ressortissants français, qui s’entassent à l’aéroport militaire de la capitale nigérienne pour se faire rapatrier vers l’Hexagone.
Conspué dans la rue et confronté au risque d’une escalade militaire, Paris n’a d’autre choix que d’exfiltrer ses expatriés du Niger. C’est la première évacuation massive organisée par la France dans le Sahel où les coups d’Etat se sont multipliés depuis 2020.
N’en déplaise à Macron grand artisan de la mort, programmée ou non, de la Françafrique, le Mali sans peur et sans reproche a donné le la à cette stratégie de rupture avec la France. Cette dernière, confrontée dans le cadre de son soi-disant et inutile “traité d’assistance militaire“ mais aussi au-devant d’un dégagisme populaire malien sans équivoque, a poussé le départ des troupes françaises… vers le Niger voisin.
La France s’en retrouve piégée aujourd’hui, elle est rattrapée en cela par des manifestations des citoyens du Niger et leur ralliement à l’armée. Le ressentiment envers la France comme en Centrafrique, Burkina Faso, Mali et ailleurs sur le continent où le dégagisme à l’encontre de la Macronie, est pour ainsi dire sans précédent.
La France compte aujourd’hui 1500 militaires français au Niger, des militaires américains, italiens et allemands y sont également présents. Elle aura beau s’appuyer sur la CEDEAO en initiant des réunions pour condamner le coup d’Etat au Niger et « légitimer » à travers cette institution une intervention militaire envisagée par le bloc ouest-africain pour restaurer l’ordre constitutionnel, qui du reste n’est pas du goût d’un certain nombre de pays africains, rien n’y fait.
Aujourd’hui, le nouvel homme fort du Niger n’est ni plus ni moins que le général Abdourahmane (ou Omar) Tchiani, chef de la garde présidentielle depuis 2011 et qui a lui-même, déjoué nombre de coups d’état entre 2021 et 2022. Les services de renseignement français, n’y ont vu que du feu, pris totalement au dépourvu pour ce cinquième putsch depuis l’indépendance du Niger en 1960.
Si à priori, les russes n’y sont pour rien -Wagner étant en pleine relève de ses troupes en Centrafrique et s’est installé en Biélorussie-, la Russie ne s’est pour autant pas privée de commenter le fait à travers Douguine qui s’est fendu d’un commentaire sur Telegram au moment même où la Russie organisait le sommet Russie -Afrique à Saint-Pétersbourg.
Au soir de ce putsch on dressait le bilan en Russie de cette simple description le « Niger est l’un des points d’appui clé de la France et des pays occidentaux en Afrique de l’ouest. Des bases militaires française et américaine se trouvent dans le pays, et les hautes sphères politiques sont pro-françaises depuis des décennies, soutenant leur ancienne métropole. Par ailleurs le Niger, 8e producteur d’uranium mondial, est le premier exportateur d’uranium vers la France ».
D’un autre côté, l’agence de presse turque TRT qui d’un autre avis se réjouit de cette situation, indique quant à la Françafrique : « cette décision est loin d’être isolée. Le recul avéré de la langue française dans d’autres pays du continent s’inscrit dans un mouvement plus vaste de réorientation linguistique : au Maroc la ministre de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour, a annoncé le 3 juillet que l’arabe [serait] désormais la langue officielle de l’administration publique, des établissements publics et privés, mettant ainsi fin à l’utilisation du français dans ces domaines ».
Le Maroc, qui pourtant avait bénéficié des largesses de la France, donne un autre coup de pied à l’ex-métropole en initiant « une réforme éducative visant à généraliser l’enseignement de l’anglais à l’échelle du collège ». Et TRT de poursuivre, « la tendance est similaire en Algérie, où la langue française perd du terrain », dans l’administration où l’arabe est désormais la langue officielle. Idem au Rwanda, qui a généralisé l’anglais dans les écoles en 2008, dans le but de se rapprocher du Commonwealth et des marchés anglophones de l’Est de l’Afrique. Et, la boule n’a de cesse de grossir.
Cela dit au Niger, comme en Centrafrique, au Burkina Faso ou au Mali c’est le préambule à un départ des troupes françaises de ces régions du Sahel. C’est également, un échec de plus, pour Emmanuel Macron, trop arrogant à l’égard de ces États d’Afrique et bien d’autres encore. Macron a réussi à faire perdre à la France ses principaux points d’appui dans la lutte antiterroriste au Sahel. C’est en quelque sorte un coup de grâce à son influence sur le continent africain, au bonheur de la Russie qui ne cesse d’avancer ses pions.
Et si le dégagisme antifrançais se répand comme une traînée de poudre en Afrique, il faut y voir là, la principale raison. Car après le Niger, le drapeau tricolore brûle au Sénégal. L’hostilité grandissante envers Paris est nourrie par la propagande russe, alors que le Kremlin est à la manœuvre pour chasser la France de son ancienne plate-bande coloniale pour s’y installer.
Pour l’Afrique, l’équation est simple, de la même façon qu’Emmanuel Macron ne veut pas voir l’Afrique sur le territoire français, l’Afrique ne veut non plus voir la France et ses institutions sur son territoire.
L’armée française est de ce fait priée de quitter le continent et les soldats français doivent dégager, le franc CFA doit disparaître, le français comme langue officielle doit être supprimé, un actionnariat local représentant au minimum la minorité de blocage doit être imposé à toutes leurs entreprises présentes en Afrique et plus jamais la France ne doit être porteuse d’une résolution concernant l’Afrique à l’ONU, ou dans les institutions internationales. Simple comme bonjour !