Aujourd’hui 25 juillet 2023, après soixante-six ans d’indépendance la Tunisie « célèbre » deux ans d’Etat d’exception après le coup de force de Kais Saied pour s’accaparer les pleins pouvoirs. Une occasion pour s’interroger sur ce vécu de la République tunisienne et ce qu’il a apporté, en se demandant si ce pays n’a pas raté moult occasions de mieux se faire valoir et autrement qu’en pire depuis 2011.
Les dirigeants qui se sont succédés depuis, n’ont, laissé que désolation et surtout une facture socio-économique lourde de conséquences et à payer pour le peuple et les générations à venir. Depuis l’état d’exception proclamé par Kais Saied, il y a deux ans jour pour jour, c’est encore ce terme « pire » qui sied à la Tunisie et qui ressort et ressortira à chaque fois qu’il sera question de cette Nation, grande par son peuple d’exception.
En cet espace de temps donc, la Tunisie d’un immobilisme imposé par le pouvoir, aura vécu de nombreux soubresauts politiques, une crise économique sans pareil et ce grâce à la magie de l’entêtement d’un Kais Saied. Au tableau de bord de l’économie tunisienne, les batteries sont à plat, et les indicateurs n’ont jamais été au plus bas. Et à la clé de plus en plus de Tunisiens dans la précarité, un malaise social sans précédent (nombre de manifestations au quotidien), régression des libertés et des vertes et des pas mûres… Tant et si bien du reste, que le pays est entré dans la pire phase de transition de sa nouvelle existence depuis la « révolution des jasmin ».
Le pays fait face à des pénuries fréquentes de produits alimentaires faute de pouvoir payer à temps les fournisseurs et autres créanciers. Le FMI lui tourne le dos quant au prêt de 1,9 milliard de dollars et le pays vivote de soutiens comme récemment avec l’Arabie saoudite ou l’Algérie qui a une mainmise de suzerain à vassal dans le pure style “Baath“ naguère de la Syrie au Liban. Non ! devant un avenir incertain, le manque d’alternatives à leur sort et la dégradation de la situation économique, bien peu de Tunisiens osent encore se projeter vers ce futur qu’ils ont pourtant tant espéré.
Depuis les élections de 2019, sous le “règne“ sans partage, de Kais Saied, il y a eu trois nominations de Premiers ministre, dont un n’a pas réussi à former de gouvernement et un autre a été limogé six mois plus tard. C’est que depuis qu’il s’est octroyé les pleins pouvoirs, le bonhomme de son populisme autoritaire conduit la Tunisie vers la pire des catas. Il ne gouverne que par décrets-lois et musèle toute contestation ou critique et cerise sur le gâteau, il a complètement bouleversé le système politique tunisien avec son référendum qui a consacré la nouvelle Constitution. Cette dernière est décrite par certains comme « le pouvoir d’un seul » au regard d’un régime présidentialiste et d’un Parlement aux pouvoirs restreints.
Sous couvert d’une vision réductrice et tel un pompier pyromane, il impose son dictat comme unique voie de sortie de crise en reportant la responsabilité de ses échecs sur les Tunisiens qui se rebiffent quel que soit leur couleur politique. Et à propos de couleur, que Kais Saied ne saurait mélanger au demeurant, d’atteintes graves, répétées et illégitimes aux libertés et de manière non démocratique, on ne saurait occulter ici, les mauvais traitements qu’il a réservés ou infligés aux migrants subsahariens.
De ses discours anti-migrants qui ont provoqué une indignation mondiale et suscité un soulèvement violent envers eux, il avait prôné haut et fort « la nécessité de mettre rapidement fin à l’immigration » et qualifié les Subsahariens de « hordes de migrants clandestins » dont la présence en Tunisie était, selon lui, était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».
Résultats des courses morts, blessés, agressions et expulsions en zone désertique à la frontière avec la Libye où les migrants sont abandonnés sans eau ni nourriture. Triste anniversaire que célèbre là, la Tunisie d’aujourd’hui avec Kais.