La reconnaissance israélienne de la souveraineté du Maroc sur le Sahara devrait être « reflétée dans toutes les communications et déclarations officielles » israéliennes, a conseillé un institut de recherche international, afin de faire perdurer l’esprit des Accords d’Abraham.
Après un début d’année 2023 très prometteur en termes de relations entre les signataires des Accords d’Abraham, depuis le 7 octobre, le risque de voir le rythme et la qualité des relations se dégrader est très pesant.
Dans ce sens, l’Institut pour la paix des Accords d’Abraham a publié son rapport annuel 2023, dans lequel il revient sur les avancées réalisées pendant l’année écoulée, tout en formulant des recommandations pour 2024.
En analysant les progrès des liens entre les pays signataires des Accords d’Abraham au cours de la troisième année depuis la signature des accords, le rapport a indiqué que les liens ont continué à se renforcer en 2023, notamment grâce à de nombreuses visites et délégations de haut niveau, l’expansion de cadres bilatéraux et multilatéraux révolutionnaires, d’importants développements interconfessionnels et des initiatives conjointes sans précédent réunissant des innovateurs, des investisseurs, des experts, des universitaires, et des femmes leaders de toute la région.
Avec le Maroc, particulièrement, il y a eu la conférence Women Connect to Innovate à Marrakech et la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Ou encore, l’ouverture de la Maison de la famille Abrahamique d’Abou Dhabi, l’entrée en vigueur de l’Accord de partenariat économique global entre les Émirats arabes unis et Israël, l’ouverture officielle de l’ambassade d’Israël à Bahreïn, la conférence Connect2Innovate à Manama, pour le reste des pats signataires.
Selon les données du Bureau central israélien des statistiques (CBS), le commerce entre les pays signataires de l’Accord a battu de nouveaux records en 2023, dépassant les 4 milliards de dollars, soit une augmentation de 16 % année après année.
Au cours des premier et troisième trimestres, les échanges commerciaux liés aux Accords d’Abraham ont augmenté de 24 % sur un an, indique le rapport, notant une baisse de 4% au quatrième trimestre, notamment à cause de l’évolution de la situation à Gaza depuis le 7 octobre et une baisse globale de 18% du commerce pour Israel.
L’AAPI estime que si l’on ajoute les échanges non pris en compte dans les données CBS, tels que les exportations israéliennes de gaz naturel vers l’Égypte et de gaz et d’eau vers la Jordanie, le commerce et les services liés à la défense, les logiciels et le cyber, la véritable valeur du commerce des Accords d’Abraham a dépassé les 10 milliards de dollars en 2023.
Mais face à un impact certain et sérieux sur les relations entre les pays signataires des Accords d’Abraham et Israel depuis l’offensive israélienne sur Gaza et la situation humanitaire, l’Institut AAPI recommande de continuer de tirer parti du potentiel des initiatives multilatérales afin de continuer à faire progresser la coopération et l’intégration régionales. L’institut propose ainsi d’inclure IMEC, I2U2 et les zones de libre-échange régionales ou les zones industrielles qualifiées.
AAPI suggère de surmonter les barrières infrastructurelles, logistiques, réglementaires, sécuritaires et géopolitiques pour un commerce terrestre efficace entre l’Ouest et l’Est via Israël et le Golfe, et d’augmenter le nombre de délégations bilatérales coordonnées provenant de divers secteurs.
Si les recommandations formulées sont générales, l’institut s’est arrêté sur le cas du Maroc, en expliquant qu’il faudrait « veiller à ce que la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental soit reflétée dans toutes les déclarations et communications officielles ».
Il recommande par ailleurs de développer les programmes de visa électronique et d’exemption de visa et assurer des déplacements fluides à tous les points de transit, ainsi que la recherche d’options pour élargir le cercle de normalisation et de coopération, non seulement dans le Golfe mais également en Afrique et en Asie du Sud-Est.