En dépit de ses structures sophistiquées et de ses efforts déployés en faveur de la paix, l’Union africaine (UA) semble incapable d’endiguer les conflits qui persistent sur le continent, souligne une récente analyse du Centre international pour les initiatives de dialogues (ICDI).
Baptisée « L’Union Africaine et sa paralysie en matière de rétablissement de la paix », l’analyse élaborée par Liesl Louw Vaudran met en avant les différents défis auxquels l’UA est confrontée dans la résolution des conflits en Afrique.
La chercheuse spécialisée dans les questions africaines note que plusieurs facteurs expliquent cette stagnation. Tout d’abord, l’UA se heurte à des obstacles institutionnels, empêtrée dans une lourde bureaucratie et souffrant fréquemment d’un manque de fonds pour déployer des médiateurs sur le terrain ou renforcer les effectifs de ses bureaux à travers le continent. L’organisation dépend souvent de donateurs pour son financement, ce qui peut entraîner des influences extérieures sur ses priorités.
De plus, la concurrence entre les États membres pour la définition des stratégies et des actions à entreprendre face aux conflits complique davantage la situation, poursuit-elle. Elle rappelle notamment que l’UA, à l’instar de l’ONU, est une organisation intergouvernementale dont les actions sont subordonnées à l’autorisation des États membres, limitant ainsi sa capacité à agir rapidement et efficacement en cas de conflit.
Selon Louw Vaudran, les défis actuels auxquels fait face l’UA pourraient bientôt exiger son intervention et l’organisation de déploiements militaires, alors que les grandes missions de maintien de la paix de l’ONU se retirent du continent. Cette situation souligne l’urgence d’améliorer les structures de l’Union.
En décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution autorisant les contributions obligatoires de l’ONU à financer les missions de paix dirigées par l’UA. Cependant, l’UA et l’ONU devront suivre des processus laborieux, tels que des évaluations et une planification conjointes, et la faiblesse institutionnelle de l’UA pourrait une fois de plus constituer l’un des principaux obstacles aux missions qu’elle dirige.
Pour la chercheuse, il est primordial que les États africains parviennent à un consensus sur la répartition de leurs ressources et sur la hiérarchisation des conflits les plus pressants. Au vu du nombre de crises secouant l’Afrique, chaque pays souhaite évidemment accorder la priorité à celles qui le concernent directement. Dans ce contexte, la Commission de l’UA, les dirigeants africains individuels et les blocs régionaux doivent faire preuve d’un leadership accru et de courage pour mobiliser l’ensemble des États membres de l’organisation en faveur de ses efforts de consolidation de la paix.
Elle rappelle en ce sens que lors du sommet de février, le président de la Commission de l’UA a exhorté les chefs d’État à prendre des décisions audacieuses et à manifester une solidarité accrue pour affronter les crises telles que le terrorisme. Il a plaidé pour un renouveau de l’esprit panafricain qui animait la lutte contre le colonialisme.
Pour conclure, Louw Vaudran précise que malgré ses limitations financières et opérationnelles, l’Union africaine demeure un outil précieux pour la prise de décisions collectives. Les États membres de l’UA devraient donc faire des choix judicieux pour renforcer l’organisation, fruit de deux décennies de construction.